le château de Chambord

le château de Chambord
château de Chambord

Le château de Chambord témoigne des deux passions de François Ier (dernier grand Roi Français de l’époque médiévale dont l’emblême était la salamandre et la devise “Je nourris le bon feu et j’éteinds le mauvais”) pour la chasse et l’architecture dans un château Renaissance. Vous y découvrirez également ses expositions historiques, ses tapisseries…, son musée de la chasse et de la nature, ses collections exceptionnelles, les randonnées autour du château, les ateliers pédagogiques en forêt, au château , ses spectacles etc…

 

Il fût d’abord construit selon les plans d’un château fort mais sans réel système défensif, avec son donjon avec 4 grosses tours rondes  et la petite enceinte de parade. Le foisonnement de ses tours, clochetons, cheminées décorées, salles en croix aux voutes à caissons, son escalier à double révolution  constituent le modèle de l’architecture  de la Renaissance française. Il ne fût habité qu’une vingtaine d’années en près de 5 siècles et François Ier n’y demeura que 72 jours en 32 ans de règne. Louis XIV y vint pour la chasse et assista aux premières de “Monsieur de Pourceaugnac” et du “Bourgeois gentilhomme” (1670) de Molière avec la musique de Lulli au 1er étage, salle en croix, au dessus de l’entrée. Au XVIIIe, le Roi de Pologne en exil, Stanislas Leczinski, (beau père de Louis XV) y demeura 3 ans. Ensuite, le roi offrit le château au Maréchal de Saxe en récompense de sa victoire à Fontenoy (1745). Ce dernier mourut en 1750 suite à un duel. Actuellement, les présidents de la République reçoivent des hôtes de marque invités aux chasses présidentielles.

 

En 1515, François Ier a 21 ans et c’est l’année de tous les triomphes : vainqueur des Suisses à Marignan avec le Chevalier Bayard, il occupe le Milanais et découvre l’art italien. Il est ébloui par la Renaissance, aussi dès son retour, il décide de construire un style nouveau de château symbolisant la puissance royale et les innovations esthétiques d’Outre Piémont. il ramène donc Léonard De Vinci âgé alors de 64 ans. A l’origine ce château était prévu à Romorantin, mais ce projet n’aboutit pas et il opte alors pour Chambord. Nul ne sait qui fut l’architecte de Chambord, mais les maitres d’oeuvre étaient le maçon Jacques Sourdeau, son neveu Claude, le compagnon Jacques Coqueau et Pierre Neveu dit Trinqueau sous l’autorité de François de Pontbriand (gouverneur de Blois). A l’époque, il existe déjà un relais de chasse installé dans un donjon du XIIe siècle à Chambord et la région est connue pour être giboyeuse et François Ier connait bien ces forêts alentour. Les travaux commencèrent le 6 septembre 1519, et voyant qu’ils s’éternisent, sont repris par Nicolas de Foyal avec Trinqueau en 1521. Ils furent interrompus en 1525 pendant 2 ans environ suite au désastre de Pavie, à la captivité du Roi en Espagne où une rançon de 40 tonnes d’or avait été exigée. Le chantier ne reprit qu’en octobre 1526, dirigés par Charles de Chauvigny et la maçonnerie est toujours confiée à Trinqueau. Les parties hautes furent achevées en 1535. Le chantier a mobilisé 1800 ouvriers et son 1er visiteur Charles Quint (adversaire de François Ier et beau frère de Francois Ier puisqu’il a épousé sa soeur 9 ans plus tôt)  fût ébloui le 15 décembre 1539. Il arriva avec des milliers de gens, tout vêtu de noir car il portait le deuil de sa chère impératrice Isabelle, décédée après la naissance d’un enfant mort-né, et s’il a accepté l’invitation, il veut regagner au plus vite ses Etats de Flandre, en pleine rébellion fiscale. Le Roi de France l’accueille d’abord à Loches, puis à Amboise et pour finir à Chambord. Il a fallu vite meubler le château  comme à chaque venue Royale (le mobilier ne restait pas sur place). Charles Quint admire en premier lieu les tapisseries sur les murs, puis le superbe escalier et il en reste bouche bée (peut être plusieurs raisons à cela d’ailleurs car 1/ il a des problèmes de végétation qui l’empêchent de respirer normalement et c’est son habitude d’avoir la bouche ouverte, et 2/ il est enrhumé depuis 2 semaines ) et s’exclama : “c’est l’abrégé de ce que peut effectuer l’industrie humaine” François Ier apprécie d’autant plus le compliment que c’est son ennemi qui le formule! La hache de guerre est elle enterrée alors ? Aucunement car 3 ans plus tard, le roi et l’empereur continuèrent leur lutte l’un contre l’autre. Charles Quint demande même par la suite à sa soeur Isabelle d’obtenir les plans de Chambord pour édifier le même château à Bruxelles ! Les travaux continuèrent dans les années 1540 avec la tour nord de l’enceinte, les appartements de François Ier, la tour ouest, l’aile sud ouest, le mur du domaine (15 ans furent nécessaires pour achever cette ceinture de pierre). C’est à Chambord que François Ier (très amateur de femmes), aurait gravé sur l’une des vitres de sa chambre à l’aide d’un diamant “Souvent femme varie, bien fol qui s’y fie…” De février à mars 1545, le Roi y séjourna pour la dernière fois et fût déçu de ne pas avoir pu détourner le cours de la Loire jusqu’au château (projet né en 1527) pour faciliter le transport des vivres, matériaux. Il avait fait venir des hydrauliciens de la ville piémontaise de Novare mais devant l’immensité du projet et les difficultés, le roi avait dû se contenter de détourner le Cosson.A sa mort le 31 mars 1547, la construction de Chambord n’était pas achevée.

 

Henri II (fils et successeur de François Ier) continua les travaux, sans toujours les achever, comme la clôture de l’immense parc, mais des braconniers y font des brèches régulièrement et massacrent le gibier. Aussi, on dispose une série de potences le long des murailles (les braconniers savent ainsi le sort qui les attend!) et des gardes sont postés. Début 1552, Henri II engage la guerre contre Charles Quint et soutient les princes protestants allemands contre l’empereur. Pour cela, il occupe  les 3 évêchés de Metz, Toul et Verdun. Le 15 janvier, Henri II signe à Chambord un traité par lequel la France reçoit le Duché de Lorraine et d’autres villes ne parlant pas Allemand. Le 22, il envoie son maitre d’hôtel porter ses lettres au Service des monnaies à Paris pour qu’on accepte la vaisselle d’argent de la noblesse qui sera fondue pour être transformée en espèces pour alimenter le trésor de guerre.

 

Catherine de Médicis (veuve d’Henri II) et son fils Charles IX (passionné de chasse) chassent à Chambord. Henri III est peu présent à Chambord, et faute d’argent, les travaux sont interrompus. En 1575, Catherine part pour Chambord parler à son 4e fils, le duc d’Alençon qui venait de prendre la tête d’une armée protestante et lui précise que son initiative est “fâcheuse”. elle fait mine de céder, se dit même prête à donner de l’argent aux huguenots contre une trève de 7 mois, son fils rebelle reçoit des “villes de sureté” (Angers, Niort, Angoulême, Saumur, Bourges, la Charité sur Loire). 1 an plus tard, le duc D’Alençon dicte ses volontés dans la “paix de monsieur” ou “Paix de Beaulieu” et devient Duc d’Anjou, obtient la réhabilitation des victimes de la st Barthélémy. il meurt en 1584 avant son frère Henri III, laissant la place à Henri de Navarre (huguenot, futur Henri IV) Sous le règne de Louis XIII, son frère Gaston d’Orléans (perpétuel conspirateur contre le roi) séjourne souvent à Chambord et commande quelques indispensables travaux de restauration et y reçoit sa fille, la future Grande Mademoiselle et c’est ici que cette cousine de Louis XIV avouera sa passion au duc de Lauzun. Pour déclarer sa flamme, elle le conduit près d’un miroir, souffle dessus et trace sur la buée le nom du séducteur. Il se marièrent en secret beaucoup plus tard. Gaston d’Orléans est assigné à résidence à Blois de 1652 à sa mort en 1660(à cause de la Fronde) et le château à cette époque est presque entièrement vidé. A sa mort, le château revient à la Couronne.

 

Entre 1660 et 1685, Louis XIV séjourne 9 fois à Chambord car il apprécie Chambord. Le 14 octobre 1670, “Le Bourgeois gentilhomme” de Molière et Lulli est créé dans la salle des gardes et le Roi apprécia et la pièce sera rejouée à la demande du Roi 4 fois durant le séjour à Chambord. Le Roi Soleil fait couvrir l’aile ouest du château et les communs par Jules Hardouin Mansart (fin en 1690). Ensuite malheureusement, le Roi ne vient plus guère à Chambord (pourquoi ? pris par Versailles évidemment et de plus il souffre  d’une fistule qui rendent douloureux ses déplacements ) En 1708, on construit un pont sur le Cosson. Le château reste à l’abandon jusqu’en 1725 où le jeune Louis XV se marie et confère Chambord à son beau père. Par les soins du Régent son oncle, il avait été fiancé à une infante d’Espagne, et il se voit proposer par le duc de Bourbon d’épouser la fille de Stanislas Leszczynski (roi détrôné et désargenté de Pologne) de 6 ans son ainée. Pour sauver les apparences, sur les conseils du cardinal Fleury (1er ministre), il faut donner une résidence au beau père et à son épouse une résidence digne de leur nouveau rang! Chambord est assez éloigné de Versailles pour qu’ils ne dérangent pas tout en ayant une demeure qui sauve les apparences. Aussi l’emménagement se fait en octobre 1725 depuis Wissembourg. Le Roi lui donne également le commandement d’un régiment, le royal Stanislas, qui n’existe que sur papier mais qui permet au beau père de toucher les émoluments attachés à ce grade. (il perçoit également une pension de Versailles) Le Mardi Gras en 1726, les “Polonais” donnent un bal dans les salons du château où de nombreux invités repartent malades (pas les hôtes)Dans le village, quelques mois plus tard, une épidémie se déclare, et même des domestiques du château sont malades. Stanislas se plaint alors d’être logé dans un château insalubre et peu entretenu., décide de faire combler les douves. Les Polonais passent l’été à Blois et reviennent à Chambord en automne, après la fin de l’épidémie. En 1727, Louis XV paye la location du château de Ménars qui devient leur résidence estivale.

 

En 1746, Louis XV attribue Chambord au Maréchal de Saxe (fils naturel , reconnu à l’âge de 15 ans de l’électeur de Saxe et Roi de Pologne Auguste II, celui qui avait détrôné Stanislas, et de la Comtesse Aurore Von Konigsmarck) pour le récompenser de sa victoire contre les Anglais à Fontenoy. Ce soldat avait commencé par combattre la France aux Pays Bas (sous les ordres du prince Eugène), puis au service de Pierre le Grand contre le Roi de Suède, prisonnier des Turcs, puis pour le Roi de France en 1720. Elu Duc de Courlande en 1726, en 1736, il devint lieutenant général du roi de France, couvert de gloire lors de la guerre de Succession d’Autriche en s’emparant de Prague. Promu maréchal de France en 1743, il s’écria à Fontenoy “Messieurs les Anglais, tirez les premiers!” Le roi s’est engagé à régler toutes les dépenses nécessitées par la rénovation de Chambord et il touchera une pension de 40 000 livres. En 1746, les travaux débutent mais le Maréchal de Saxe ne s’y installera qu’en 1748 et fait disposer devant l’entrée 6 canons. Une fois par semaine, il soupe en public, se prenant pour un roi. Quelques 1000 hommes du régiment de Saxe-Volontaires débarquent également (dont 400 uhlans de toutes origines : des Tartares, Noirs venus d’Afrique et des Antilles) mais il règne sur son petit monde à Chambord d’une main de fer en pendant les coupables, à la moindre incartade, aux branches d’un vieil orme transformé en potence. Chambord reste le paradis des chasseurs et le Maréchal de saxe s’adonne ici à sa passion pour les femmes, et notamment les actrices.Aussi il charge Servandoni d’aménager une vaste salle au 2e étage pour le théâtre et les somptueuses fêtes se succèdent à Chambord. il fit un enfant à Marie Rinteau (grand mère de George Sand), est épris de Mademoiselle Chantilly (épouse du comédien Favart) qui demeure fidèle à son mari. Il obtint alors de louis XV contre La Favart une lettre de cachet et elle se retrouva enfermée dans un couvent! Alors elle céda et s’installa à Chambord où elle joua la comédie et plus encore. Favart quant à lui devint directeur, auteur et …. mari complaisant! le Maréchal de Saxe eut également une liaison avec la Princesse de Conti (il y eut des supputations lors de la mort mystérieuse du maréchal le 30 novembre 1750 : le Prince de Conti, mari outragé, serait venu demander réparation au maréchal de Saxe quelques jours plus tôt, il y eut un duel dans le parc , le maréchal aurait été blessé et il aurait succombé à une fluxion de poitrine étant d’une santé assez fragile.

 

Depuis 1785, la famille de Polignac est installée à Chambord jusqu’en 1789, moment où Louis XVI envisage d’y séjourner. En 1793, le district de Blois fait vendre les meubles restants et Chambord devient Borchamp et est dépecé (boiseries, parquets… sont saccagés!! ) la ville de St Dyé demande même la destruction de “cette masse énorme de pierres inutiles” mais vu le coût de destruction, heureusement, l’idée est abandonnée. 2 ateliers de fabrication de poudre et de salpêtre sont installés dans 2 tours (Chambord aurait pu exploser!!) Le château est mis en vente mais ne trouve aucun acquéreur.

 

Le 13 juillet 1802, le premier consul le place donc sous la protection de la Légion d’Honneur, créée 2 mois plus tôt. et le château est commandé par le Général Augereau. Bonaparte veut en faire un orphelinat mais ce projet est abandonné faute d’argent. En 1808, Chambord est alors rattaché au domaine de la Couronne et napoléon veut y installer les princes d’Espagne (ses otages), mais finalement, ils seront accueillis à Valençay. Le 15 mars 1809, il est attribué au Maréchal Berthier, avec le titre de Prince de Wagram et Chambord devint Principauté de Wagram et Wagram est le nouveau nom du village avec 600 000 francs de rente malgré la richesse du nouveau propriétaire.  Berthier n’y vint qu’une seule fois pour inspecter les travaux 48 heures seulement! Le colonel Pernet, baron d’Empire, devient l’intendant de Chambord, il créé une pépinière, un élevage de moutons mérinos, les bois sont vendus et le domaine à nouveau abandonné. En 1815, Berthier meurt et son épouse, la princesse de Wagram, née Elisabeth de Bavière (grand tante de Sissi) s’y installe et faute d’argent, essaye de louer Chambord sans succès.

 

En 1820, il est mis en vente  Le comte Adrien de Calonne propose d’offrir Chambord au jeune Duc de Bordeaux, tout le monde n’est pas d’accord. le 5 mars 1821, le château est adjugé  pour 1 542 000 francs au duc de Bordeaux (petit fils et héritier du frère de Louis XVI, Louis XVIII). Le 18 juin 1828, Chambord organise une fête et la Duchesse de berry pose la 1ere pierre du chantier de réfection avec l’Evêque de Blois. Fin septembre 1839, le Duc de bordeaux décide de s’appeler Comte de Chambord (où il n’avait encore jamais résidé et devra attendre pour y faire son unique séjour 27 ans plus tard) Mais il aime Chambord et le village de Chambord et montre un esprit d’assistance envers eux en se montrant généreux. De nombreux écrivains vinrent au secours de la popularité de Chambord comme Victor Hugo, Gustave Flaubert, Chateaubriand… Pendant la guerre franco-prussienne, le château fut transformé en hôpital et le Comte de Chambord peut revenir en France après 40 ans d’exil dès 1871. il vient donc à Chambord le 4 juillet, le 5 donne une audience à plus de 150 personnes et délivre “L’Appel de Chambord” :il se dit prêt à restaurer la monarchie légitime et refuse le drapeau tricolore et perd ses dernières chances d’incarner la restauration. Il repart vers Frohsdorf. Le 18 octobre 1879, La Presse Illustrée relate la réunion à Chambord de royalistes célébrant le 59e anniversaire du Prince . Ce dernier s’éteint  le 24 aout 1883 à Frohsdorf en Autriche. Le Prince Elie de Bourbon Parme en hérite, le château est mis sous séquestre en 1915 et l’Etat le rachète en 1932

 

 

A noter : en raison de la nature marécageuse du terrain, la construction repose sur pilotis, qui l’eut cru ? Le Comte de Chambord offrit son château en 1870 comme hôpital de campagne à l’armée de la Loire et pour réchauffer les blessés, on brûla les boiseries des XVIIe et XVIIIe siècles sauf celles de la chambre du Roi.

muséographie : le mobilier ainsi que les cheminées furent vendus en 1793. On a reconstitué la suite royale, le logis François Ier apparait dans ses volumes mais une partie fut cloisonnée au XVIIe et les décors ont disparu. A noter : magnifique collection de tapisseries. Tapisseries XVIe : La Vocation d’Abraham, série de l’histoire des chasses du Roi François, La Chasse aux Ours, série de l’histoire de Diane. Tapisseries XVIIe : suite de l’histoire de Constantin, Suite d’Ulysse, L’enlèvement des Sabines, Suite de l’histoire de Méléagre. collection de faïences françaises XVIIIe Tapis de la Savonnerie aux armes de France XVIIIe, poêle de faïence aux armes du Maréchal de Saxe XVIIIe. Tenture et lit de velours brodé d’or XVIe, collections du musée de la Chasse (armes, arbalètes arquebuses fusils carabines pistolets) XVIe au XIXe siècles

château de Chambord