Le château de Blois

Le château de Blois

 

 

“Château de Blois, château de Rois”, il fût le centre du pouvoir royal, surtout sous les règne des Valois, mais aussi “Château de Blois, château d’effroi”

En 584, Grégoire de Tours fût le premier historien à parler de Bleiz (=loup en Celte). Au moyen âge, les comtes de Blois régnaient également sur Chartres  et Tours (dont Thibaut Ier Le Tricheur qui fit élever un donjon en 978). Ensuite,  Etienne, fils du Comte de Blois, épousa la fille de Guillaume Le Conquérant, devint roi d’Angleterre en 1135. Il ne reste du 13e siècle que la Salle des Etats Généraux (18m*30m, de 1576 à 1588, les Etats Généraux dans une atmosphère de conspiration pendant les Guerres de Religion) et la Tour de Foix. Les Seigneurs Blésois annexèrent ensuite la Champagne à leur domaine.

Au XIVe s, la place de Blois est l’une des plus belles du Royaume. En 1392, Guy de Châtillon vendit le Comté de Blois au Duc Louis d’Orléans (frère de Charles VI) et la Cour s’installa à Blois. Le Duc d’Orléans est le rival du Duc de Bourgogne Jean Sans Peur et une haine profonde nait entre les deux hommes en 1404. Novembre 1407, Paris : Louis d’Orléans est assassiné en pleine rue sur les ordres de Jean Sans Peur. Valentine Visconti, sa femme (nommée Valentine de Milan) réside à Blois et fait apposer sa devise “Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien”. et meurt le 4 décembre 1408, inconsolable. La mort de son mari avait déclenché une guerre civile entre les Armagnacs (partisans du Duc d’Orléans) et les Bourguignons (partisans  de Jean Sans Peur) Valentine comptait sur le fils illégitime de son défunt mari, Dunois (compagnon de Jeanne d’Arc, surnommé le Bâtard d’Orléans, né 4 ans avant l’assassinat de son père), pour prendre la relève.

En 1439, Charles VII pense avoir rétabli l’autorité royale mais aux Etats Généraux d’Orléans, une opposition (organisée à Blois avec Dunois, la Trémoille, le Duc d’Alençon, Louis de Bourbon, le Dauphin, futur Louis XI : son père lui avait refusé de l’argent alors qu’il était endetté). Charles VII  réagit avec son armée et les Révoltés se soumettent en 1440, le Roi envoie son fils en Dauphiné. Le complot  s’appela “Praguerie”.

En 1440, le demi frère de Dunois, Charles d’Orléans (ainé des fils illégitimes de Louis d’Orléans) hérita du château. Deux fois veuf, prisonnier des Anglais durant 25 ans (son père refusait de payer une rançon), il fit abattre en 1450 une partie de la vieille forteresse. A 50 ans, quand il était encore prisonnier des Anglais et deux fois veuf, il épousa Marie de Clèves 14 ans. Passionné de littérature, il règne sur une Cour de Lettrés à Blois.Le couple organisa à Blois des Concours, jeux poétiques….

 

1462, à 71 ans, Charles d’Orléans a enfin un fils (futur Louis XII) à Blois.

7-8 avril 1498 : mort accidentelle de Charles VIII annoncée. Il n’a pas de descendance directe, aussi le fils de Charles d’Orléans lui succéda.

Louis XII fit donc de Blois une demeure royale au détriment d’Amboise et deux maitres d’oeuvre, Colin Biart et Jacques Sourdeau, sont nommés à Blois. Ce nouveau roi est marié à Anne de Bretagne (veuve de Charles VIII) et ils détruisent une partie de la forteresse médiévale, agrandissent le château : on fait des galeries ornées d’arcades en anse de panier, un escalier à vis à chaque extrémité… il a des goûts simples malgré le fait qu’il se soit enrichi en Italie, et fait du château un mélange de gôut Italien et de Gothique. Déclaré Résidence Royale entre 1498 et 1501, le château devient le centre du Pouvoir.

Mars 1499 a lieu la grande Ordonnance de Blois (réorganisation de la Justice)

1501 : fête pour l’Archiduc d’Autriche Philippe le Beau et son épouse Jeanne la Folle (parents de Charles Quint)

1504-1505 :  Louis XII renonce à ses prétentions en Italie et donne à sa fille Claude (fiancée enfant au Duc d’Autriche Charles de Habsbourg, futur Charles Quint) en dot, le Milanais, Gênes, la Bourgogne, la Bretagne, et se sachant souffrant, rédige son testament. Il guérit et convoque alors les Etats Généraux en mai 1506 en annulant les clauses du contrat de mariage. Claude sera donc désormais promise à François d’Angoulême (futur François Ier). La France conservera ainsi la Bretagne et la Bourgogne.

9 janvier 1514 : la reine Anne meurt à Blois

9 octobre 1514 : le Roi se remarie avec Marie d’Angleterre (soeur de Henri VIII, âgée de 16 ans, lui 52!!) il meurt trois mois plus tard sans héritier mâle. le peuple gardera de lui un souvenir de souverain très populaire, surnommé “Le Père du Peuple”

1er janvier 1515 : François Ier lui succède et s’installe à Blois.

1er semestre 1515 : Jacques Sourdeau est mandaté à Blois pour des travaux : une aile François Ier est construite entre l’aile Gaston d’Orléans et la Salle des Etats Généraux, un escalier à vis est ajouté à la façade avec 4 balcons.

Juillet 1524 : la Reine Claude (25 ans) meurt à Blois après avoir eu 7 enfants avec François Ier en 8 ans. Elle meurt alors que son mari est prisonnier de Charles Quint à Madrid. François Ier ne sera libéré que le 14 janvier 1526 (ses 2 fils le remplaçant dans la geôle espagnole) Il délaissa alors Blois, fit construire Fontainebleau, Chambord, St Germain en Laye.

21 avril 1545 : Ronsard (20 ans) rencontre Cassandre Salviati (14 ans, fille d’un riche banquier) à un bal à Blois. Il lui dédiera le fameux poème (et l’un de mes préférés) “mignonne, allons voir si la rose….”

Source Jean des Cars “la véritable histoire des châteaux de la Loire”

 

 

L’assassinat du Duc de Guise à Blois

 

1576 : Etats Généraux à Blois. Les catholiques veulent la suppression de la religion protestante.

18 octobre 1588 : Henri de Guise, Le Balafré (suite à une lutte contre les Huguenots), Lieutenant général, chef de la ligue (Catholiques), appuyé par le Roi d’Espagne, oblige Henri III (fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, frère de Charles IX) à convoquer les Etats Généraux à Blois. 500 personnes y sont présentes. Il veut la déchéance du Roi ou tout du moins sa soumission ainsi que des textes de Loi.

23/12/1588  8 heures du matin : au 2e étage, 20 hommes sur les 45 hommes de main du Roi Henri III sont chargés d’éliminer le Duc de Guise. 8 sont armés de poignards et devisent dans la Chambre du Roi. 12 sont armés d’épées dans le vieux cabinet. 2 prêtres, à la demande d’Henri III, prient dans l’oratoire du cabinet neuf pour la réussite du projet d’assassinat. Le Duc de Guise quant à lui se tient dans la salle de conseil avec de hauts personnages après une nuit avec une maitresse de la Cour. Le Conseil commence. Le Secrétaire du Roi le prévient que ce dernier souhaite l’entretenir dans le vieux cabinet. Afin de s’y rendre, il doit traverser la chambre du Roi car la porte vers la Salle de Conseil a été murée 2 jours plus tôt (preuve s’il en faut de la préméditation de l’assassinat). Le Duc traverse la chambre du Roi, arrive dans un couloir et voit des hommes qui l’attendent au fond de ce couloir, l’épée à la main. Voulant reculer, ceux de la chambre du Roi l’en empêchent et l’attaquent ! Le Duc de Guise réussit à en renverser 4, en blesse un 5e, les entraine vers le fond de la chambre du Roi et après au moins 30 blessures, tombe près du lit du Roi. Loignac l’achève alors d’un coup à la gorge et dans les reins. Henri III ouvre alors la tenture derrière laquelle il était caché et s’avance. Il frappe le Duc (certainement déjà mort) au visage, à l’estomac, la gorge et s’écrie “Nous ne sommes plus deux, je suis Roi maintenant” et court en avertir sa mère Catherine de Médicis dans ses appartements du 1er étage (ornés de 237 panneaux de bois sculpté avec des armoires secrètes dissimulant des poisons, bijoux, argent, documents)

“Je n’ai plus de compagnon, le Roi de Paris est mort”

réponse de sa mère “Dieu veuille que vous ne soyez pas devenu le Roi de Rien du tout”

24/12/1588 : le Cardinal de Lorraine (Archevêque de Reims, frère du Duc) est enfermé dans un cachot et assassiné également par 3 hommes.

Catherine de Médicis meurt peu de temps après

16 janvier 1589 : clôture des Etats Généraux.

Le Roi est à son tour assassiné en représailles le 1er aout à St Cloud par un moine dominicain Jacques Clément. Henri III meurt le lendemain; Il est le 1er Roi à être assassiné pendant son règne! Sans fils légitime, la branche Valois Angoulême s’éteint.

Blois n’est désormais plus le symbole de plaisir mais celui d’un affront à Dieu, à l’Etat et à la Justice.

Source Jean des Cars “la véritable histoire des châteaux de la Loire”

 

 

L’évasion de Marie de Médicis!

 

26 avril 1617 : Louis XIII exile sa mère Marie de Médicis à Blois après l’exécution de Concini (favori de la Reine Mère) au Louvre. Elle profitera de son exil pour comploter contre son fils notamment avec Richelieu. Pourtant elle percevait toujours ses pensions, appointements et son train de vie était resté le même. Elle rénova plusieurs pièces, aménagea une garde robe, restaura les jardin d’en haut et d’en bas, organisa des diners, spectacles, concerts, mais continua à se plaindre! ….. et prépara son évasion

 

Dans la nuit du 21 au 22 février 1619, Marie de Médicis est prête à s’enfuir par une fenêtre et un carosse l’attend déjà sur le pont  de la Loire.

3 heures du matin : elle retrousse sa robe (dans laquelle elle avait pensé à coudre ses bijoux), et suis son premier écuyer, enjambe la croisée, suivie de sa servante, 2 exempts (sorte de policiers), une de ses naines, 1 ou 2 valets Italiens …

Mais Marie de Médicis a beaucoup grossi depuis peu et son embonpoint la gêne dans sa fuite. Arrivée sur la terrasse Ouest, elle éprouve des vertiges. Elle est alors enroulée dans un manteau, attachée à une corde pour la descendre jusqu’au talus en pente. Elle atterrit dans les gravats des travaux d’un mur!!!!

Des passants s’en amusent pensant à la fuite d’une amoureuse infidèle et cela amuse la Reine mère. Malheureusement elle a perdu une de ses précieuses cassettes et n’a pas le temps de la chercher, un de ses valets s’en chargera plus tard!!

Arrivés tous sur le pont, PANIQUE!!!! Pas trace du carrosse qui devait les attendre……

Ah, si!! il est un peu plus loin, tous feux éteints. Ils roulent alors vers Montrichard où 100 cavaliers les attendent et filent à Loches.

24 heures plus tard, Louis XIII apprend l’évasion de sa mère et est furieux!!!! Marie de Médicis ose alors prétendre avoir été enlevée et craindre pour sa vie!!!!

Elle obtint tout de même le pardon de son fils grâce aux négociations de ….. Richelieu!!

source :  La véritable histoire des châteaux de la Loire

 

 

1616 à 1642 : Blois est donné en apanage (concession temporaire en usufruit d’une portion du Domaine Royal) à Gaston d’Orléans (frère de Louis XIII) qui passe son temps à intriguer contre le Roi.

 

1635 à 1638 : édification de l’aile Ouest. Gaston d’Orléans croit sa belle soeur Anne d’Autriche stérile et nourrit donc logiquement de grandes ambitions personnelles. Malheureusement pour lui, vingt deux ans après son mariage, elle tombe enceinte du futur Louis XIV. Il stoppe alors tous les travaux au château de Blois.

 

1642 : Après la mort de Richelieu, Gaston d’Orléans s’illustre face aux Espagnols, se rallie à la Fronde et est assigné à Blois par Mazarin. Il y meurt en 1660.

 

Février 1788 : Blois est en piteux état et Louis XVI décide alors soit de le vendre ou de le faire démolir!! Heureusement, il est transformé alors en caserne.

 

1792 : le château subit le sort de beaucoup d’autres avec le vandalisme : la statue de Louis XII est brisée, tous les chiffres et emblêmes de la monarchie sont effacés.

 

1808 : le Préfet du Loir et Cher décide la démolition du château. Le Conseil des Bâtiments Civils s’y oppose. Blois est sauvé in extremis!!

 

1810 : Napoléon transfère la propriété du château de Blois à la ville de Blois et ce dernier sert de garnison. Cadeau en triste état à l’époque!!

 

1825 : Balzac lors de la rédaction de son livre sur Catherine De Médicis chante la gloire du château de Blois.

Victor Hugo tombe également amoureux de ce château.

 

1845 à 1870 : restauration enfin du château par l’architecte Félix Duban.

 

1990 : nouvelle campagne de restauration.

 

Muséographie du château de Blois :

* Musée des sculptures monumentales et d’Archéologie

* Musée des Beaux Arts

* collection d’une cinquantaine de tapisseries  XVIe XVIIe françaises et flamandes

* tableaux du Nouvel Empire sur le thème de l’Assassinat du Duc de Guise.