le château d’Amboise

le château d’Amboise

Aujourd’hui, je voudrais vous présenter quelque peu le château d’Amboise, un des fleurons des châteaux de la Loire, aussi passionnant à l’intérieur qu’à l’extérieur dans une charmante petite cité.

 

Il est le symbole de la transition entre le mouvement gothique (chapelle St Hubert, aile Charles VIII) et l’esprit Renaissance (aile Louis XII). Vous pourrez y admirer le mobilier d’époque (ce qui n’est pas le cas malheureusement pour tous les châteaux) style gothique, Renaissance, Empire, Restauration, Louis Philippe.

 

Et si nous intéressions un peu à son histoire ? Au XIe siècle, 3 donjons se livrent une lutte incessante pour contrôler le passage sur la Loire, les seigneurs se jalousent. La Trémoille (grand chambellan du Roi Charles VII) voit des complots partout (il voulait écarter Jeanne d’Arc) et était conspirateur, aussi il révèle au roi que louis d’Amboise le trahit : en 1434 Charles VII confisque la place et le fief d’Amboise qu’il rattache au domaine royal et agrandit. Son fils a été élevé dans la forteresse de Loches par sécurité, puis relégué dans la triste et miséreuse cour du “petit roi de Bourges”. Le dauphin Louis a souffert, humilié par son père, et était révulsé par la liaison du monarque avec Agnès Sorel. Plus tard, le dauphin tombé veuf de Marguerite d’Ecosse en 1444, se remarie avec Charlotte de Savoie (pour consolider le Dauphiné où il a été exilé par Charles VII).Il devint roi en 1461, installa Charlotte de Savoie à Amboise,  Il fortifia le château  par précaution car les grands féodaux et la noblesse regroupés dans la Ligue du bien public (1465) étaient une menace, ainsi que les manigances du Duc de Bourgogne Charles le Téméraire.   Louis XI  créa l’Ordre de Chevalerie de St Michel par opposition à celui de la Toison d’Or (créé à la Cour de Bourgogne). Il y vécut avec Anne de Bretagne et fit d’énormes constructions dans l’aile Charles VIII et la chapelle St Hubert. Il eût son seul fils ici en 1470 (le futur Charles VIII) Le village au bas du château à cette époque était modeste et nul voyageur ne pouvait y séjourner, faute d’auberge, de toute façon, il n’était pas le bienvenu, la paroisse leur était interdite. Pourquoi ? Parce que Louis XI n’a qu’un seul héritier mâle qu’il veut protéger des complots, mais aussi de la peste (un siècle plus tôt, la peste fit 25 millions de victimes en Europe et le fléau restait menaçant car de nombreux foyers étaient signalés dans le Midi de la France)et le dauphin était de santé fragile. Aussi le dauphin passe son enfance au château à cette époque sous la surveillance de Jean Bourré en qui il a toute confiance. Préférant Tours et ses environs, il parcourt son royaume toujours menacé par Charles le Téméraire. ce dernier fût vaincu à Nancy le 5 janvier 1477 et 2 jours après la bataille, on retrouva son corps dans la neige, dévoré par les loups. 5 ans plus tard, Louis XI s’installa au château de Plessis les Tours où il s’enferma et vécut isolé, oscillant entre superstition, religiosité, angoissé par la peut de mourir. Il fit venir un saint ermite calabrais, François de Paule, se met à collectionner les médailles miraculeuses sur son chapeau et le 25 aout 1483, il fut frappé d’une hémorragie cérébrale et meurt 5 jours plus tard, âgé de 60 ans. Charles VIII dès 1489 agrandit Amboise où il a vécu toute son enfance pour en faire une résidence fastueuse et le jeune roi, ayant triomphé de la régence efficace de sa soeur Anne de Beaujeu et de la Guerre folle ouvre en 1492 un chantier qui dure jusqu’en 1497 pour contenter sa jeune épouse Anne de Bretagne. Le roi découvre l’Italie et y est émerveillé, des artistes et artisans Italiens arrivèrent et insufflèrent le courant Renaissance en France. On dût ainsi le premier jardin de style Renaissance au château à un moine Don Parcello. Cependant, une brutale tragédie survint : le 7 avril 1498, Charles VIII allant chercher la reine dans ses appartements afin qu’elle assiste à une partie de jeu de Paume dans les fossés du château, se heurte au linteau de la porte, le roi assista à la partie sans rien dire mais soudain, il tomba à la renverse et perdit connaissance. on le coucha sur une paillasse dans un réduit nauséabond (une sentine ou chacun satisfaisait ses besoins naturels) car personne n’osait le transporter et à 11 heures du soir, le roi âgé de 28 ans mourut victime d’une hémorragie cérébrale après une agonie de 9 heures (il est le seul roi de France né et mort dans un château de la Loire)Il n’avait pas d’héritier ! Son plus proche parent, son cousin Louis d’Orléans(fils du poète Charles d’Orléans, filleul de Louis XI) fût sacré à Reims le 27 mai 1498 et devint Louis XII(il devint l’unique Roi de la branche des Valois Orléans ) et épousa alors la veuve Anne (une clause de son 1er contrat de mariage stipulait qu’elle épouserait le successeur de Charles VIII s’il décédait sans descendant mâle) Ce nouveau couple vécut surtout à Blois car il interrompit les travaux à Amboise pour envoyer les ouvriers et architectes à Blois et réserva Amboise à sa cousine Louise de Savoie. En 1501, François d’Angoulême (futur François Ier) n’a que 7 ans quand sa mère Louise de Savoie et sa soeur Marguerite (Marguerite de Navarre) s’installent à Amboise. Il y reçoit une éducation intellectuelle, sportive et militaire. Louis XII mourut également sans descendance mâle et son cousin lui succéda (François Ier) et résida à Amboise les 3 premières années de son règne de 1515 à 1518. Son épouse n’était autre que Claude de France, fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne. Ils firent de nombreux séjours à Amboise où Léonard De Vinci (venu d’Italie en 1516) leur organisait de somptueuses fêtes (ce dernier y fut d’ailleurs inhumé dans le choeur de la Collégiale St Florentin au château à l’emplacement de son buste érigé dans le parc actuel, puis dans la chapelle St Hubert (la Collégiale en effet fût détruite sous l’Empire) où tout était prévu pour le divertissement et la cour disposait d’une escouade de “filles de joie” à demeure entretenue aux frais du roi lui même.A partir de 1519, le souverain délaisse Amboise mais s’y trouve avec sa suite dans la nuit du 17 au 18 octobre 1534, lorsque survint “l’affaire des Placards” : sur la porte de la chambre royale, on découvre un violent pamphlet protestant contre les “horribles, grands et insupportables abus de la messe papale”. Indigné, François Ier prend des mesures de répression et la querelle religieuse va s’envenimer à partir d’Amboise. Le 8 décembre 1539, François Ier reçoit fastueusement son adversaire Charles Quint. A la fin de sa vie, le roi préfère Chambord et Fontainebleau .

Le 17 mars 1560, il y eut la conjuration d’Amboise : un gentilhomme protestant, La Renaudie, a réuni en Bretagne puis à Tours des conjurés huguenots (officiellement, ils devaient se rendre à Blois où se trouvait la cour, pour demander au jeune François II (15 ans, petit fils de François Ier, successeur d’Henri II, fils ainé de Catherine de Médicis et de Henri II) la liberté de leur culte réformé) En réalité, ils veulent s’en prendre au clan des Guise (oncles de la  femme du Roi, Marie Stuart) en enlevant le roi mais un avocat parisien, Pierre des Avenelles, trahit leur cause et est trop bavard!  Ce complot fût sauvagement déjoué créant ainsi le 1er événement sanglant des guerres de Religion. La Cour, qui se trouvait à Blois, quitte ce château qui n’est pas défendable et se réfugie à Amboise où le roi signe un édit de pacification pour calmer les esprits. Les conjurés persistent et hantent les environs d’Amboise. Après un bref combat, ils sont emprisonnés ou exécutés et le cadavre de La Renaudie est accroché sous un pont. Seul Condé (inspirateur du complot) échappe à ce sinistre “bal des pendus” (il y aura près de 1200 victimes) En mars 1563, sous le règne de Charles IX (frère et successeur de François II) et la régence de sa mère Catherine de Médicis, est signée la paix d’Amboise, suivie d’un édit de tolérance; mettant fin à la 1ere guerre de Religion.

 

Ce château servit également de prison à l’intendant Fouquet  et à Lauzun : En 1626 (sous le règne de Louis XIII) Amboise et Blois sont attribués à son frère, le conspirateur perpétuel Gaston d’Orléans. 5 ans plus tard, le château est pris par les troupes royales et les fortifications extérieures rasées et le château devient prison d’Etat. On y avait déjà enfermé le Cardinal de Bourbon, 2 fils d’Henri IV, Gabrielle d’Estrées, puis arrivèrent Fouquet et Lauzun (courtisan ambitieux et sans scrupule, ancien favori du roi Soleil qui s’était montré impertinent à l’égard de sa Majesté)

 

En 1762, louis XV donna Amboise au Duc de Choiseul ( ministre de Louis XV). en 1785, Choiseul cède le château au Duc de Penthièvre (petit fils de louis XIV, beau père du duc d’Orléans) qui saccagea le logis renaissance pour rendre le château “habitable”. a sa mort, sa fille (épouse du Duc d’Orléans) en hérita. Entre 1806 et 1810, après avoir été confisqué à la révolution, Amboise est donné par Napoléon à Roger Ducos (ancien membre du Directoire, Sénateur d’empire, vice président du Sénat)et il y fit des séjours d’été, mais faute d’argent, il fit abattre les 2/3 du château (le logis de la Reine et la collégiale St Florentin), en vendit les pierres . Sous la Restauration, en 1822, les ruines furent remises à la Duchesse d’Orléans (seule légataire du Duc de Penthièvre) et son fils, le Roi Louis Philippe (Duc d’Orléans), et son petit fils, le Duc d’Aumale le restaurèrent. En 1830, après la chute de Charles X, dernier Bourbon Roi de France et de Navarre, Louis Philippe entreprend de restaurer Amboise La Duchesse de Mecklembourg Schwerin (épouse du Comte de Paris, fils du Roi) importe en France la coutume allemande du sapin de Noël, et son beau père fit restaurer la chapelle. 4e fils du Roi Louis Philippe, le duc d’Aumale est un personnage étonnant : en mai 1843, il a 21 ans quand, commandant en chef en Algérie, il s’illustre à la prise de la smala d’Abd El Kader. Abd El Kader est un illustre combattant né à Mascara en 1807, il appartient à une famille descendant des califes. Pendant 15 ans, il conduit le “djihad” contre les Français, entraine le Sultan du Maroc dans sa lutte, mais subit un échec. Il se rendit au Général Lamoricière le 23 décembre 1847 et malgré l’octroi de la vie sauve et le pardon accordé par le nouveau gouverneur général de l’Algérie (le duc d’Aumale) qui lui a promis la liberté et la possibilité de s’installer à St jean d’Acre ou Alexandrie, Abd El Kader est fait  prisonnier car le gouvernement de Louis Philippe refuse de valider la promesse du Duc. L’émir fut donc détenu au château de 1848 à 1852 avec son fidèle lieutenant Kara Mohamed et leur suite (45 membres de sa famille et ses serviteurs, soit plus de 57 personnes). Dans un premier temps, ils furent internés à Toulon puis après la révolution de 1848 et l’avènement de la 2e République, au château de Pau (23 avril – 8 novembre 1848) Redoutant une évasion vers l’Espagne, ils sont transférés à Amboise le 8 novembre 1848. Elu président de la République le 10 décembre 1848, Louis napoléon Bonaparte (futur napoléon III) est favorable à l’élargissement du prisonnier mais son ministre de la guerre s’y oppose. Amboise est transformée en palais musulman, hommes d’un côté, femmes de l’autre. l’émir loge dans l’aile Charles VIII du logis royal. de la tour du Garçonnet, le muezzin appelle à la prière les fidèles 5 fois par jour. La nourriture est traditionnelle, à base de couscous, les moutons sont tués et préparés au château, on ne boit aucun alcool et l’eau le thé à la menthe coulent à flot. Pendant ce temps, d’éminents personnages travaillent à la libération de l’émir( l’ancien Evêque d’Alger et la maréchal Bugeaud). En 1850, les autorités françaises assouplissent le régime d’Abd El Kader et il se trouve donc plus conciliant (il accepte de sortir du château le 13 mai 1851 pour se rendre à Chenonceau pour remercier M et Mme de Villeneuve de lui avoir envoyé des fleurs et des fruits frais et il visite la Vallée de la Loire) Il fut libéré par Napoléon III le 16 octobre 1852 qui le lui annonça lui même. Abd el Kader, soutenu financièrement par Paris, quitte la France pour l’Empire ottoman, revient 2 fois en France (dont une pour l’exposition universelle de 1867) Pour remercier la générosité de Bonaparte, il a sauvé la vie de 1500 Chrétiens lors de massacres commis à Dams en juillet 1860. Il meurt à Damas en 1883.

 

En 1872, le château est restitué à la famille d’Orléans par Napoléon III en la personne du Comte de Paris (petit fils de louis Philippe) Une campagne de restauration est entreprise sous la direction des monuments historiques.

 

En 1974, le comte de Paris charge la fondation St Louis de gérer et d’administrer Amboise

 

Petites anecdotes historiques : Marguerite d’Autriche âgée de 3 ans, fille de Maximilien, était promise à Charles VIII (13 ans à l’époque) et vécut à la cour d’Amboise. A 21 ans, le jeune roi épousa la Duchesse Anne de Bretagne (14 ans, mais déjà liée à Maximilien d’Autriche par procuration) pour des raisons politiques. Charles VIII décida donc de renvoyer la fille de Maximilien et épousa celle que ce dernier désirait, ce qui créa une rancoeur entre les deux hommes.

Anne de Bretagne et Charles VIII eurent ensemble  3 fils et une fille qui moururent jeunes.

Le seul fils de François Ier qui survécut  (Henri II, époux de Catherine de Médicis et amant de Diane de Poitiers) fut baptisé au château le 25 avril 1518.

Léonard de Vinci avait instauré la tradition de somptueux feux d’artifices au château.

Des conjurés huguenots furent pendus au garde corps en fer forgé sur le balcon face aux croisées de la Salle des Etats, devant la Loire en 1560.

Architecture : ce château fut une place militaire d’importance historique. (les tours et remparts en témoignent). Vous y trouverez du Gothique Flamboyant ( aile Charles VIII, chapelle St Hubert ciselée par des artistes Flamands) A noter : le linteau sculpté de sa porte représentant à droite la légende de st Hubert et à gauche celle de St Christophe et la porte elle même (XVe). L’aile Charles VIII date de 1494 à 1496 avec la touche des artistes Italiens ramenés de l’aventure Napolitaine du Roi, aussi vous verrez un monument d’esprit gothique aux voutes à croisées d’ogives, aux lucarnes ouvragées et à pinacle et à la fois une demeure royale, sans fonction défensive ostensible, avec de larges ouvertures, des balcons ouverts (façade sur la Loire). L’immense salle des Etats Généraux possède de fines colonnes décorées de fleurs de lys (emblême du roi) et de mouchetures d’hermine (emblême d’Anne de Bretagne).

Louis XII construisit une aile perpendiculaire terminée par François Ier dans l’esprit Renaissance avec des motifs architecturaux tels des pilastres, lanterneaux (inspiration de l’Antiquité), des plafonds non vôutés.

Remarquez la Tour des Minimes (40m de hauteur sur 20 m de diamètre) permettant aux chariots et cavaliers venant de l’extérieur d’accéder aux terrasses par une rampe hélicoïdale éclairée de grandes baies. La partie centrale creuse de l’édifice forme une tour d’aération et de ventilation (remarquable pour le XVe siècle)

Muséographie : ce château est riche en mobilier de différentes époques comme précisé au début de ce post, vous y verrez un très beau dressoir XVIe, 2 tables Renaissance à l’italienne (à rallonges), coffre à habits en noyer doré à la feuille (XVIe), chaire gothique du Cardinal d’Amboise, piano en palissandre signé Erard

source : “les châteaux de la Loire”

liens : ici (vous y trouverez les horaires, tarifs…), (photos), ou encore ici (wikipédia)

et un petit itinéraire pour visiter la ville elle même ici

BONNE VISITE!!!! Allez-y, vous ne regretterez pas.